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Le deuil appliqué à l’écologie

En mai 2019, durant ma troisième année d’étude de psychologie, j'ai fait un petit mémoire m’étant en lien les étapes de deuil et l’annonce du changement climatique.



De premier abord, le Dérèglement climatique n'a peut être rien avoir avec les naissances, les bébés ou et les doulas, mais d'après moi vouloir un autre avenir pour les adultes de demain fait partie d' "autrementdemain". La mort, le deuil, l'écologie, la remise en question de société sont des thématiques qui m'intrigue beaucoup et que j'aimerai mieux connaître.

 

Le deuil n’est pas uniquement lié à la mort d’un proche mais plus globalement à l’idée de perte, la perte d’un idéal, la perte d’une relation, la perte d’un objet. Je souhaiterais développer mes recherches sur la perte de notre monde tel que nous le connaissons aujourd’hui et comment l’humain appréhende cette nouvelle. Contrairement à la mort des êtres humains, le phénomène climatique n’est pas brutal. La vie sur Terre meurt lentement.

« Les changements climatiques représentent un problème fort complexe et ouvert à de multiples sens et interprétations. Il ne nous fournit aucun trait distinctif qui nous permettrait de lui donner une identité claire : pas d’échéance, pas de lieu précis, de cause unique, pas de solution, pas d’ennemi. L’être humain possède un talent inné et hors du commun pour ne voir que ce [qu’il veut] voir et mettre de côté ce [qu’il préfère] ne pas savoir». » (MARSHALL George, Le syndrome de l’autruche, France, Actes Sud, 2017. )

Il est donc difficile d’appréhender les pertes, elles sont d’ailleurs tellement énormes et lourdes de conséquences qu’il est difficile à notre échelle de les concevoir et de les accepter. Pourtant l’état de notre planète a atteint un seuil critique pour l’humanité: l’augmentation de la production des gaz à effet de serre entraînant le réchauffement global, l’extinction des espèces, la chute de la biodiversité, la pollution de l’eau, l’augmentation de la population, la fonte des glaces ayant pour conséquence directe la montée des eaux, la surexploitation dont la déforestation, l’épuisement des énergies fossiles...


Yves Cochet, ancien ministre de l’écologie disait : « la période 2020 – 2050 sera la plus bouleversante qu’aura jamais vécue l’humanité en si peu de temps ».

Mais notre capacité à concevoir la mort, celle de nos proches comme la nôtre, ne fait pas à l’évidence, partie des aptitudes naturelles de notre psychisme. Pas plus que d’un changement profond de notre planète. Clive Hamilton (HAMILTON Clive, Requiem for a Species: Why We Resist the Truth about Climate Change, Austalie, Earthscan , 2010) met en lien justement ce blocage psychologique qui nous touche dans de telles situations avec les fameuses cinq phases du deuil. Pour lui, l’humanité doit passer par une phase de deuil du monde d’aujourd’hui afin de parvenir à accepter la réalité de la fin du monde actuel et se mettre enfin à agir pour s’adapter. Le deuil est décrit pour la première fois par Elisabeth Kübler-Ross, une psychiatre pionnière dans le domaine des soins palliatifs, comme étant un processus psychologique qui passe par cinq étapes différente : le déni, la colère, la négociation, la dépression, l’acceptation.

Pour le déni, « Une bonne partie [...] n’a pas dépassé cette étape. Plus d’un tiers des français (35%) déclare que le changement climatique n’est pas prouvé ou que rien ne démontre qu’il est lié aux activités humaines (22%) » En opposition, de nombreux militants (marches pour les climats, gilets jaunes etc) qui se trouvent dans une phase de révolte, ce qui illustre pleinement l’étape de la colère , dénoncent l’inaction des citoyens, des grandes entreprises ou de l’État. Ensuite le marchandage : « C’est ce qui se passe, littéralement, dans les négociations internationales sur le climat. Chacun tente de s’en sortir au mieux. » sans trop faire d’effort. D’après Clive Hamilton, la dépression est incontournable dans le processus de deuil et indispensable pour passer à l’étape suivante: l’acceptation. Il faut alors comprendre que notre monde tel que nous le connaissons aujourd’hui changera, que nous risquons de mourir et c’est ainsi... Pablo Servigne et Raphaël Stevens, créateurs du concept de collapsologie évoquent eux aussi dans leur ouvrage, ces étapes par lesquelles ils sont passés. « Le sujet de l’effondrement est un sujet toxique qui vous atteint au plus profond de votre être. C’est un énorme choc qui dézingue les rêves. Au cours de ces années de recherches, nous avons été submergés par des vagues d’anxiété, de colère et de profonde tristesse, avant de ressentir, très progressivement, une certaine acceptation, et même, parfois de l’espoir et de la joie. [...] nous avons pu relier ces émotions aux étapes de deuil. Un deuil d’une vision de l’avenir.»


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